Communiqué de presse du 2 Novembre 2022
Santé des enfants : une porte de dialogue s’entrouvre, les engagements manquent cruellement
Faisant suite à la lettre ouverte au Président de la République publiée dans le journal Le Parisien le 21 Octobre
et signée par plus de 7000 soignants en pédiatrie, et n’ayant obtenu aucune réponse du Président, une
délégation de soignants (médicaux et infirmiers) et de représentants d’association de patients s’est rendue
le 2 Novembre à l’Élysée pour la remettre au chef de l’État. Six d’entre eux ont été reçus par Mme Katia
Julienne, conseillère santé de l’Élysée. Ils ont pu s’exprimer et se faire porte-parole des difficultés majeures
rencontrées sur le terrain des services de pédiatrie, d’urgences pédiatriques, de spécialités pédiatriques et
des réanimations pédiatriques et néonatales.
Une réunion de travail s’est ensuite tenue ce même jour au ministère de la Santé en présence des
représentants des sociétés savantes de pédiatrie et des instances de pédiatrie autour du ministre M. François
Braun, sans représentant paramédical, ni représentant des internes ou des associations de patients.
L’ensemble des sujets d’inquiétude ont pu être abordés. A l’issue de cette réunion, le ministre a fait des
annonces publiques. Le collectif de pédiatrie a pris connaissance des mesures proposées et souligne les
points suivants :
1. Le ministre semble reconnaître la problématique actuelle de la pédiatrie.
2. Nous prenons acte de la volonté d’investissement. Cependant, aucune précision n’a été apportée sur
l’enveloppe évoquée de 400 millions d’euros. Concerne-t-elle l’ensemble des services hospitaliers ou
la pédiatrie en particulier ? Quelle est son orientation ? Dans quels délais et sur quelle période seraitelle déployée ? Dans tous les cas, il s’agit d’une enveloppe ponctuelle qui ne permet pas un
engagement pérenne des soignants et elle est totalement insuffisante pour mettre en place des
ratios soignants/patients qui est aujourd’hui la seule solution pour arrêter la fuite du personnel
soignant.
3. Concernant la majoration de la rémunération des heures de nuit, il s’agit d’une mesure d’urgence,
probablement nécessaire dans la situation actuelle mais qui contribuera à augmenter la charge
pesant sur les soignants, contribuant à court terme à leur épuisement et à leur départ de l’Hôpital
public. Ce sont les salaires qui doivent être augmentés. Si cela ne pose aucune difficulté à M. Le
Maire, Ministre de l’Economie et des Finances (C à vous, 2/11/22), qu’attendons-nous ?
4. La généralisation de la prime de soins critiques à l’ensemble des soignants exerçant en réanimation
et unités de et surveillance continue pédiatriques (auparavant réservée à certaines catégories de
personnel) est une mesure certes indispensable mais qui ne concerne qu’une infime partie des
soignants en pédiatrie.
5. Si le ministre a évoqué des mesures structurelles, il ne s’est en aucun cas engagé sur ces dernières,
renvoyant à des groupes de travail qui débuteront la semaine prochaine et aux futures Assises de la
pédiatrie au printemps 2023.
Si la porte est entrouverte, ces mesures ne sont en aucun cas de taille à permettre la survie de la pédiatrie et
l’arrêt des soins dégradés à nos enfants tels que nous les vivons tous les jours. Nous ne pouvons plus
cautionner leur mise en danger permanente.
Il est indispensable que M. Macron, Président de la République, reconnaisse la crise sanitaire que traverse
actuellement la pédiatrie et la responsabilité de l’État dans sa survenue. Des mesures structurelles et
pérennes, à la hauteur des enjeux que nous portons, ne peuvent plus être retardées, au risque de voir le
secteur de la pédiatrie s’embraser puis s’effondrer. Il est indispensable que puissent être très rapidement
annoncées la mise en place rapide de ratios de patients par soignant, la reconnaissance de la spécificité
pédiatrique, le recentrage de la gouvernance dans les services ou encore la formation initiale et continue
spécifique aux métiers de la pédiatrie. Enfin, nous insistons pour que les soignants non médicaux, les
jeunes médecins et notamment les internes, ainsi que les patients, soient associés aux discussions et
travaux à venir.
Le collectif des 7000 signataires pour la Pédiatrie (collectif.pediatrie@gmail.com / twitter @ctifpediatrie)
Les associations de patients : Familles SMA France, Association Maladies du Foie Enfants (AMFE), Aide aux
Jeunes Diabétiques (AJD), APAISER, ENMDAR, EntRED, Tintamarre, Association Laurette Fugain, HTaPFrance,
Tremplin, séquence de Pierre Robin, EGMOS (Entraide aux Greffés de Moelle OSseuse), Connaître les
Syndromes Cérébelleux (CSC), collectif les orphelins du soin de Montluçon.
Collectif Inter-Hôpitaux, Association des Juniors de Pédiatrie, Syndicat National des Pédiatres des
Établissements Hospitaliers (SNPEH)