La loi “Jomier” instaurant des ratios de soignants pour les services hospitaliers
a été votée le 23 janvier 2025 : enfin une bonne nouvelle pour les patients et
pour les soignants !
Cependant, si le Ministre de la Santé et de l’Accès aux Soins a pris acte de cette
adoption et s’est engagé à la mettre en musique, beaucoup de voix se sont
élevées contre ce changement de paradigme. Beaucoup de voix, toutes issues
du management administratif hospitalier.
Le Syndicat National des Praticiens Hospitaliers Anesthésistes-Réanimateurs, Elargi
aux autres spécialités (SNPHARE) demande, comme nombre d’organisations
syndicales professionnelles du système de santé, une vision à moyen et long terme
pour le système de santé. La valse des ministres depuis 2017, dont les mandats sont de
plus en plus courts (10 ministres en 2 ans et demi…), empêche toute idée de loi de
programmation Santé. Nous sommes contraints de nous contenter de pseudo-rustines sur
un bateau qui prend de plus en plus l’eau…
Quand, enfin, une vision à long terme émerge, comment expliquer qu’au lieu de tout faire
pour la mettre en place, des responsables renoncent voire s’opposent ? Pourquoi un tel
manque d’ambition ?
L’exercice hospitalier n’est pas compartimenté. Les praticiens hospitaliers travaillent en
synergie très étroite avec les infirmières, les aides-soignants, les kinésithérapeutes…
L’adéquation du nombre de soignants au nombre et à la charge en soins des patients
pris en charge, la complétude des équipes, sont un facteur de qualité de vie au travail
et donc d’attractivité pour les praticiens hospitaliers. Quelle meilleure satisfaction pour
un praticien hospitalier que de travailler là où on pratique “le bon soin, au bon moment” ?« Il n’y a pas assez de soignants ? » Cherchons pourquoi !
Pourquoi les soignants quittent-ils l’hôpital ? Que faisons-nous pour leur donner envie d’y
rester ?
Pourquoi les étudiants interrompent-ils leurs études ? Que faisons-nous pour discerner
ceux qui ont une réelle envie de faire ce métier et pour les accompagner dans leurs études,
dans les stages hospitaliers ?
Pourquoi les étudiants n’accèdent-ils pas aux études de santé ? Que faisons-nous pour
attirer les lycéens vers ces études, pour leur permettre de les faire dans leur territoire et
dans des conditions financières décentes ?
« On ne peut pas définir de ratios ? » Le “on” ce ne sont ni les soignants, ni les médecins :
ceux-ci savent définir des ratios dans leurs services. Espérons que l’HAS aura la sagesse de
confier aux CME et au CSIRMT des établissements, en collaboration avec les équipes des
services, la charge de définir finement les besoins, selon l’activité et le recrutement
spécifiques de chaque service.
« On n’a pas d’argent ? » La démonstration de la rentabilité financière de cette mesure est
pourtant faite, pour peu qu’on veuille bien se projeter dans le moyen terme.
La loi Jomier ne va pas, d’un coup de baguette magique, remplir les services. Elle invite –
elle oblige – à mettre en œuvre une nouvelle politique de santé, afin de sauver des vies.
Soyons ambitieux :
Profitons de cet élan législatif pour sauver des vies… et pour sauver l’hôpital public !Le SNPHARE demande aux tutelles de donner les moyens financiers – via le PLFSS
2025 et les suivants – et organisationnels pour l’application de cette loi dans les
plus brefs délais.